EN BREF
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Amazon, dans son rapport ESG annuel, annonce avoir atteint son objectif d’alimenter ses activités à 100 % avec des énergies renouvelables, avec des investissements dans 513 projets à l’échelle mondiale. Cependant, le collectif Amazon Employees for Climate Justice (AECJ) remet en question cette déclaration, la qualifiant de comptabilité créative. Les critiques soulignent que malgré ces investissements, l’entreprise continue de dépendre de sources d’énergie non renouvelables pour certaines de ses opérations, comme ses centres de données. De plus, les émissions de carbone d’Amazon ont diminué, mais cette réduction repose sur des méthodes de calcul qui suscitent des interrogations. L’absence de détails sur les émissions spécifiques d’Amazon Web Services (AWS) exacerbe ces doutes sur la transparence des efforts de durabilité d’Amazon.
Le débat autour de l’engagement d’Amazon vers un futur durable s’intensifie avec les récents rapports sur ses activités liées aux énergies renouvelables et à sa filiale Amazon Web Services (AWS). Alors que le géant du e-commerce affirme avoir atteint ses objectifs en matière d’énergie renouvelable, des critiques émergent concernant la véritable durabilité de ses méthodes. Cet article analyse les défis auxquels Amazon fait face dans l’alliance entre le cloud computing et l’utilisation des énergies renouvelables, en examinant à la fois les réussites annoncées et les controverses qui les entourent.
Un objectif ambitieux et des résultats présentés
Dans son dernier rapport ESG, Amazon a déclaré avoir atteint son objectif d’alimenter toutes ses opérations avec 100 % d’énergies renouvelables, une promesse faite pour 2040, réalisant ainsi cet objectif sept ans plus tôt. En finançant plus de 500 projets d’énergie renouvelable à travers le monde en 2023, l’entreprise a revendiqué une capacité totale de 28 gigawatts, contre 20 gigawatts en 2022. Cela fait d’Amazon le premier acheteur d’énergie renouvelable au monde pour la quatrième année consécutive.
Ces projets, qui incluent de l’énergie éolienne et solaire, sont présentés comme des initiatives cruciales pour la réduction des émissions de CO2. La société a ainsi observé une baisse de 11 % de ses émissions Scope 2 en 2023, attribuée à une utilisation croissante des sources d’énergie renouvelables. Cette déclaration semble démontrer un engagement fort vers des pratiques plus vertueuses sur le plan environnemental.
Des critiques sur la durabilité de ses approches
Cependant, cette fierté affichée n’est pas sans controverse. Le groupe Amazon Employees for Climate Justice (AECJ), composé d’employés, souligne ce qu’ils qualifient de « comptabilité créative » dans la déclaration des résultats d’Amazon. Selon eux, la stratégie de l’entreprise ne prend pas en compte les impacts environnementaux globaux de ses activités, notamment la consommation massive d’énergie liée à sa flotte de camions diesel et à ses centres de données.
Ce constat remet en question la légitimité de son engagement vers des pratiques durables. La société est accusée de compenser ses émissions dans certains domaines tout en continuant à polluer dans d’autres. Par exemple, l’AECJ argue qu’une grande partie des centres de données d’Amazon ne fonctionne pas exclusivement à l’énergie renouvelable, ce qui soulève des inquiétudes concernant la transparence et la véracité de ses affirmations.
Une « comptabilité créative » à l’heure du bilan
Les accusations de « comptabilité créative » se renforcent face à des chiffres qui ne semblent pas correspondre à la réalité des opérations d’Amazon. Les employés de l’AECJ font valoir que malgré les investissements dans les énergies renouvelables, la réalité de l’usage d’énergie dans les centres de données d’Amazon, à des emplacements stratégiques, ne convergent pas nécessairement avec des normes durables. En effet, beaucoup de ces infrastructures continuent à dépendre d’énergies fossiles.
La critique se concentre également sur la non-transparence du calcul des émissions de gaz à effet de serre. Par exemple, bien qu’Amazon revendique des réductions dans son Scope 2, la manœuvre est souvent contestée par les experts qui soulignent que les méthodologies utilisées ne reflètent pas nécessairement une véritable réduction de l’empreinte carbone.
La réponse d’Amazon face aux controverses
Face aux critiques, Amazon maintient sa position en rappelant que son rapport sur le développement durable repose sur des méthodologies publiées et des données vérifiées par des tiers. Un porte-parole a clairement affirmé que les chiffres avancés par l’AECJ sont erronés et basés sur des données externes, sans considération de l’expertise interne des employés qui évoluent au quotidien au sein de l’entreprise.
Depuis leur formation en 2019, les employés du collectif AECJ n’ont cessé de militer pour des changements concrets dans la politique environnementale d’Amazon. Leur lutte vise à inciter l’entreprise à prendre des mesures réelles et efficaces pour réduire son impact environnemental global, notamment un véritable passage à des flottes de transport électriques et l’usage exclusif d’énergies renouvelables dans tous les centres de données.
Les enjeux d’AWS dans la durabilité
Un autre aspect crucial de l’analyse d’Amazon se concentre sur sa branche cloud, AWS. La question essentielle est de savoir comment ce segment de l’entreprise contribue réellement aux initiatives de durabilité. Malgré les avantages reconnus d’AWS en termes d’efficacité énergétique par rapport aux structures informatiques traditionnelles, de sérieuses lacunes persistent, notamment l’absence d’informations détaillées sur les émissions de gaz à effet de serre engendrées par ses opérations.
Des experts en durabilité, comme Mark Butcher, critiquent le fait qu’Amazon mélange les données de ses différents segments d’activité, rendant difficile une analyse précise de l’impact climatique spécifique d’AWS. En son absence, les clients de ce service cloud se trouvent dans l’incertitude concernant leur apport réel à la durabilité environnementale.
La méthode de calcul des émissions chez Amazon
Une autre source de controverse réside dans la façon dont Amazon évalue ses émissions de carbone, en particulier les scopes 1, 2 et 3. Lors du dernier rapport, la compagnie a affiché une diminution des émissions totales de carbone, mais la façon dont ces chiffres sont calculés suscite des interrogations. Par exemple, lorsque les chiffres sont établis selon la méthodologie de localisation, les résultats montrent une augmentation des émissions, contrastant immédiatement avec les affirmations de réussites basées sur des méthodes de compensation.
Les critiques soulignent que le focus sur des méthodes de calcul « basées sur le marché » crée une image optimiste, voire trompeuse, de l’impact environnemental global d’Amazon. Les documents annexes révèlent que, sans tenir compte des crédits carbone, les émissions peuvent en réalité être bien plus élevées, révélant ainsi des failles dans la narrative que présente Amazon sur sa durabilité.
Un outil d’évaluation de l’impact environnemental limité
Malgré la capacité d’AWS à fournir un outil permettant aux entreprises de suivre leur empreinte carbone, ce dernier présente des lacunes, notamment l’absence d’inclusion des émissions de Scope 3. Ce vide soulève des inquiétudes quant à la transparence des données fournies aux clients d’Amazon. Les retours des utilisateurs concernant cet outil de monitoring montrent une demande croissante pour des informations précises et complètes sur leur impact environnemental.
Historiquement, AWS a tardé à apporter des améliorations significatives à cet outil, un point de frustration pour les entreprises cherchant à évaluer leur contribution à un avenir durable. Le manque de contexte concernant le Scope 3 dans de telles évaluations ne permet pas une vision globale des émissions liées aux services cloud d’Amazon, alimentant les critiques sur le manque de clarté et de transparence.
Les impacts potentiels du changement climatique sur le modèle économique d’Amazon
Avec le contexte global de changement climatique en constante évolution, les entreprises qui ne s’adaptent pas peuvent faire face à des conséquences financières. La stratégie d’Amazon en matière de durabilité est donc d’une importance cruciale. Les décisions prises aujourd’hui concernant les énergies renouvelables et l’impact environnemental pourraient influencées leur viabilité commerciale future à long terme.
Le passage à des méthodes plus durables pourrait se révéler non seulement bénéfique pour l’environnement, mais également profitable d’un point de vue économique, en permettant à Amazon de se positionner comme un leader dans le secteur du cloud computing durable. Cependant, si les critiques concernant le greenwashing persistent, elles pourraient ternir la réputation de l’entreprise et, par conséquent, son attractivité pour les investisseurs sensibles aux questions environnementales.
Conclusion provisoire sur les enjeux d’Amazon
En dépit des progrès réalisés dans le domaine des énergies renouvelables, une grande partie de la stratégie d’Amazon semble encore éloignée des idéal d’une durabilité réelle. Les tensions internes, les critiques externes et les difficultés dans la communication des données réellement représentatives sur leurs émissions mettent en lumière les enjeux considérables auxquels l’entreprise fait face. Le chemin vers une combinaison réussie entre cloud computing et énergies renouvelables nécessite un engagement plus sincère et plus transparent de la part d’Amazon pour éviter que son image positive ne se fissure devant une réalite plus complexe.
Témoignages sur Amazon et ses enjeux : Une alliance entre Cloud et énergies renouvelables en question ?
Dans son dernier rapport sur le développement durable, Amazon a annoncé avoir atteint son objectif de fonctionner à 100 % avec des énergies renouvelables sept ans avant la date prévue. Cette déclaration a suscité des réactions variées, notamment parmi les employés d’Amazon qui remettent en question la légitimité de cette affirmation.
Un membre du collectif Amazon Employees for Climate Justice a déclaré : « Malgré la promesse d’atteindre les 100 % d’énergies renouvelables, notre équipe constate chaque jour des camions diesel sillonnant les rues. Ces camions, aux côtés de nos data centers qui consomment d’énormes quantités d’énergie, soulèvent des doutes sur la durabilité réelle de nos opérations. »
Un autre employé a partagé son inquiétude concernant ce qu’il appelle une « comptabilité créative« . Il a affirmé : « L’inquiétude ne réside pas tant dans le chiffre de 100 %, mais dans le fait que l’entreprise utilise des méthodes qui masquent les véritables émissions de carbone générées par ses activités. »
Le collectif a même publié une contre-enquête, remettant en question les affirmations d’Amazon. Un porte-parole de l’AECJ a déclaré : « En réalité, nous estimons qu’Amazon ne tire que 22 % de son énergie renouvelable de ses fournisseurs locaux dans des zones où elle opère. Cette réalité est très éloignée des discours empreints de durabilité. »
Du côté d’Amazon, un porte-parole a affirmé que son rapport contenait des données correctes et « que les conclusions de la contre-enquête reposaient sur des hypothèses erronées ». Cependant, les critiques avancent que cela fait partie d’une stratégie de communication qui vise à embellir l’image de l’entreprise sans fournir les données concrètes qui permettent une réelle évaluation de ses engagements environnementaux.
Dans le domaine du cloud computing, la question de la durabilité reste d’actualité. Un expert en développement durable a observé : « Il est crucial d’avoir une ventilation claire des émissions de carbone spécifiques aux services d’Amazon Web Services. Sans cela, les clients ne peuvent pas juger de manière éclairée de l’impact environnemental de leur choix technologique. »
Enfin, l’absence de transparence des outils de suivi des émissions de carbone d’AWS a également été soulignée. Des utilisateurs expriment leur frustration face à un manque de données sur les émissions de Scope 3, essentielle pour comprendre l’empreinte totale des services cloud d’Amazon. Cela renforce l’idée que, même dans un secteur où les énergies renouvelables et la durabilité sont mises en avant, des solutions globales et vérifiables sont encore manquantes.